Atelier Isoc Wallonie 2000 Workshop Langues, Cultures et Internet : enjeux, stratégies et développement durable Namur, samedi 17 juin 2000 |
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Atelier |
Isoc France |
Depuis sa création, le réseau Internet se présente comme un système ouvert à tous, destiné à accélérer laccès à et léchange dinformations de toute nature et sous toutes les formes (multimédia).
Fondé essentiellement sur lidée déchange permanent entre lensemble de ses participants, le réseau fonctionne sur base de règles simples, minimalistes, qui cadrent linitiative individuelle et veillent à équilibrer le fonctionnement de lensemble et les apports de chaque participant.
Comment ces règles sont-elles édictées, suivies, contrôlées ?
Au-delà du comportement de "bon père de famille" que la plus grande majorité des utilisateurs de linternet adoptent, diverses entités interviennent actuellement et à titre principal dans la gouvernance de la toile. Soulignons plus particulièrement le rôle de deux dentre elles.
LICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers - http://www.icann.org), dune part, est lorganisation qui a été formée en octobre 1998 pour prendre la responsabilité de lattribution des spatiale adresses IP, de lassignation des paramètres protocolaires de la gestion des noms de domaines et du système serveur de base. LICANN est composée dune large coalition dintérêts académiques, techniques et économiques grands utilisateurs dInternet - principalement aux Etats-Unis - et par ailleurs mandatés par le gouvernement américain, en outre principal financier de la mise en uvre du réseau, pour coordonner les fonctions-clés du web, fonctions quil souhaite progressivement abandonner. Malgré sa création récente, l'ICANN est déjà opérationnelle. Lorganisation intègre et assume progressivement ses fonctions de gestion technique et de développement dune politique de consensus qui lui ont été assignées. La phase de transition entre le gouvernement américain et lICANN devrait sachever aux alentours de septembre 2000.
LInternet society (ISOC - http://www.isoc.org), dautre part, est une association de droit américain également, mais dont la vocation semble être plus internationale. Créée dès janvier 1992 par des pionniers de l'Internet pour promouvoir et coordonner le développement des réseaux informatiques dans le monde, elle est aujourd'hui une autorité morale et technique influente dans l'univers du Réseau. Il s'agissait, aux débuts de lISOC, d'encourager la croissance du réseau qui s'amorçait à l'échelle mondiale en débordant le cadre initial de la recherche (concentration des décisions aux Etats-Unis, financement essentiellement public du réseau). Dès sa création, l'Isoc a joué un rôle important dans la coordination, l'échange d'expériences et l'extension du réseau au-delà de la zone des pays les plus riches : Europe de l'Est, Asie, Amérique du Sud et Afrique.
Par ailleurs, l'Isoc finance et héberge sur son serveur les normes issues des travaux de l'Internet Engineering Task Force. L'IETF (http://www.ietf.org) regroupe des ingénieurs et chercheurs du monde entier qui sont chargés de faire évoluer les standards de communication en prônant le consensus et la démonstration de solutions opérationnelles. Elle organise un rassemblement annuel dinternautes et publie la revue trimestrielle "On the Internet" pour ses membres. Ainsi, même si l'Internet a une dynamique qui lui est propre, l'Isoc veille à sa progression et à sa bonne marche. L'association regroupe 7800 membres - personnes physiques - réparties en 125 pays, ainsi que 129 organisations.
Sans entrer dans plus de détails sur ces associations, il est permis de sinterroger sur les possibles effets dune gouvernance minimale de linternet. Les conséquences premières sont visibles à tout internaute qui sest laissé aller à quelques explorations aléatoires sur le réseau : la liberté dexpression y est totale, avec ce que cela comporte comme avantages et comme abus.
Dans la première catégorie, on peut identifier lémergence de communautés dopinions virtuelles de diverses tendances dont les plus actives sont souvent celles qui enrichissent le débat démocratique et favorisent une gouvernance mondiale transparente. Nest-il pas satisfaisant, quelque part, et sans vouloir porter un jugement de valeur prescriptif, que le processus relativement incontrôlé de mondialisation économique puisse trouver un contrepoids potentiel dans les mouvements dopinion mondiaux nés à partir dinternet et dont Seattle fut un point dorgue exemplaire ?
Dans la catégorie des abus, les dérives sont tout autant visibles, depuis lutilisation du réseau par des idéologues extrémistes et / ou racistes jusquau piratage informatique en passant par la diffusion dimages à caractère pédophile ou, à tout le moins, choquant.
Les enjeux dune bonne gouvernance de lInternet, traduction peu satisfaisante du concept de "good governance" anglo-saxonne sont donc de divers ordres.
La question éthique reste à lordre du jour, coincée entre les préceptes parfois puritains du "politiquement correct" et les adeptes dune liberté dexpression totale aveugles aux dérives précitées. Comment trouver un juste milieu et, surtout, comment veiller à son respect.
La question de la sécurité des flux dinformations et des machines elle-même est également cruciale. Lactualité quotidienne fait état dactions de piratage informatique dans des grandes banques (à quand le premier hold-up par internet ?) ou des sites gouvernementaux (une nouvelle forme despionnage ?). Des géants présumés comme Yahoo ou Amazon, leaders dans le domaine des moteurs de recherche ou du commerce électronique ne sont eux-mêmes pas à labri de tout problème. Perspective peu rassurante pour les acheteurs de service électronique qui confient à un site - qui noffre pas toujours le cryptage - leur numéro de carte de crédit.
La question des droits dauteurs est également un problème sensible, lié à la disponibilité permanente et intégrale dinformations multimédia réutilisables par nimporte qui à des fins diverses et potentiellement commerciales. Quelle est la valeur dun copyright sur internet ? Qui peut contrôler lusage fait en Région wallonne dune image importée dun site californien ? Qui tranchera le conflit éventuel ? On imagine lémoi que pourrait susciter, dans pareil cas, une amende infligée par un tribunal américain à un citoyen wallon peu regardant LOrganisation mondiale pour la Propriété intellectuelle (OMPI - http://www.ompi.org) ainsi que le programme des nations unies pour le développement (PNUD - http://www.undp.org/indexalt.ht ) planchent sur le problème.
Enfin, la question du respect de la vie privée se pose comme un autre enjeu crucial de la gouvernance dinternet. Plus encore quun système découte téléphonique, le contrôle potentiel des flux dinformation envoyés ou reçus par un particulier ou une organisation devrait inciter les utilisateurs dinternet à la plus grande prudence dans lusage quils en font. Sans oublier les possibilités réelles de voir son ordinateur personnel et ses fichiers les moins bien protégés parcourus par un visiteur de site plus curieux que dautres. Qui souhaiterait que son patron, son voisin ou sa belle-mère puisse dépouiller son courrier électronique, entrer dans le secret de ses fichiers personnels ou avoir connaissance de visites sur le site de prochaines vacances ? Toutes ces choses sont largement possibles et pratiquées par des esprits peu scrupuleux (ou au contraire scrupuleux quant au travail de leurs employés) dans le cadre du fonctionnement du réseau. On imagine, ici aussi, les dérives auxquelles une absence de règles élémentaires peu conduire
Pour que lInternet puisse jouer son rôle potentiel dans le domaine de léducation et de la culture, un équilibre doit être assuré entre éthique, respect des personnes (adultes et enfants) et de leur vie privée, sécurité des données et propriété intellectuelle.
La question qui se pose dès lors et celle du rôle que peut jouer la société civile wallonne pour contribuer à une gouvernance pertinente et efficace de linternet. Pourquoi la société civile ? Parce que les questions qui se posent sont in fine des questions de société, des questions qui révèlent un besoin, si pas de refaire, du moins de repenser la société de linformation dans une phase de révolution technologique en cours.
Le débat proposé par le chapitre Wallonie de lISOC (http://www.wallonie-isoc.org) sinscrit dans le cadre de ce questionnement. Lobjectif est de mener une évaluation prospective des enjeux les plus importants - à court, moyen et long termes - véhiculés par la gouvernance du réseau. Evaluation qui doit permettre disoler des stratégies à mettre en uvre pour pouvoir jouer ce rôle et promouvoir, par exemple et au moyen dalliances au sein de lespace francophone, des valeurs qui nous sont propres.
Renseignements et inscriptions en ligne
http://www.wallonie-isoc.org
Jean-Louis Dethier - dethier.jl@prospeval.org
Vice-président Wallonie-Bruxelles de Deloitte & Touche
- Introduction à la réflexion par Richard Delmas
- Atelier Gouvernance de l'Internet - Autrans 2000, Isoc France
Page mise à jour le mercredi 15 mars 2000