Marie-Anne Delahaut, Conclusions de la conférence de Jean-Michel Cornu, Le web 2.0 et au delà, Vers une intelligence collective

Conclusions
(augmentées par
le conférencier)
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Marie-Anne Delahaut
Présidente du Chapitre Wallonie de l'Internet Society
Directrice de recherche à l'Institut Destrée,
responsable du Pôle Information, administratrice réseaux

Jean-Michel Cornu, directeur scientique de la FING, a donné sa conférence sur base d'une présentation accessible ici.

L'évolution des technologies, en particulier avec l'internet et l’usage que nous en faisons, a un impact fort sur notre manière de vivre. Ce changement politique majeur fait en sorte que les sociétés ont pu innover et il constitue l'une des période où le nombre d’innovations est le plus importante dans l'histoire de l'humanité.

Un des aspects du nouveau Web 2.0 est représenté par les agrégateurs qui ont permis d'organiser le trop plein d'informations publiées sur l'internet tout en offrant à l’utilisateur de l’organiser lui-même. Une autre facette du Web 2.0 donne la possibilité de croiser des informations et des réactions venant des utilisateurs. Cependant, ces évolutions nous rendent dépendants par rapport à un offreur de service donné puisque, si l'on change d'outil, il faut tout recommencer. Nous avons besoin d'indépendance, afin d'éclater le service pour lire tous les contenus générés par l'utilisateur en combattant l'autisme des services.

Le Web 3.0, quant à lui, devrait permettre à la fois aux utilisateurs, mais aussi aux services de communiquer ensemble pour gérer l’énorme somme de contenu mise à disposition. L’objectif est de dépasser notre capacité naturelle à traiter plusieurs choses en même temps (que les découvertes en neurosciences ont permis d’évaluer à un peu plus de cinq actions).

L'enjeu est de créer de l'intelligence collective, de prendre le meilleur des machines et des utilisateurs pour faire communiquer le tout. Cependant, les types d'intelligence des machines et des êtres humains fonctionnent différemment : il importe donc de créer le chaînon manquant. Rendre cela possible et dépasser le Web 2.0, implique de réunir trois grandes orientations de ces dernières années :

‑ la liberté de choisir son fournisseur et d’en changer grâce à des interfaces standards (les systèmes ouverts);

‑ ainsi que la liberté d'exécuter, d'étudier le fonctionnement, de distribuer des copies, d'améliorer le programme (le libre).

Venons-en à la question économique : dans l'économie de l'immatériel, le livre peut être stocké sur le serveur. Dans ce cas, celui qui le donne peut toujours en disposer et le livre peut être dupliqué très aisément (les économistes parlent de bien non rival ayant un coût marginal nul ou très faible). On remarque ainsi un changement de type d'économie, intégrant l’économie des biens matériels, l’économie de l’immatériel, l'économie de l’attention et l'économie du don (les contreparties de ces deux derniers types d’économie – l’attention et l’estime ‑, permettent une véritable économie en pouvant être retransformées en monnaie, en biens ou en services. Cependant elles sont basées sur des grandeurs évaluables mais non mesurables).

Dans toutes ces interactions, le frein n’est pas tant technique qu’économique : le manque de compréhension des nouveaux modèles économiques. Du coup, les services du Web 2.0 se limitent trop souvent aux seules économies classiques et à l’économie de l’attention. Si nous arrivons à dépasser cette difficulté, nous devrions pourvoir mieux gérer l’ensemble des connaissances humaines, à la fois grâce à des applications qui apprennent à comprendre les contenus des hommes (le Web sémantique) mais aussi aux hommes eux-mêmes qui apprennent collectivement à trier cette masse de connaissances (le Web 2.0).

Ce qui se joue est peut être bien un nouvel outil cognitif. Il s’agit dans ce cas d’un enjeu majeur qui permet à l’homme de dépasser sa propre condition. L’émergence du langage a permis à l’homo sapiens d’aller au delà des quelques concepts que les animaux savent en général traiter pour constituer un véritable chemin dans le monde des idées (un discours). L’homme a ainsi gagné une capacité d’anticipation, base de son intelligence et de sa capacité d’adaptation dans le monde. Cependant ce chemin monodimensionnel nous rend difficile le fait d’englober plusieurs solutions. Le développement de schémas et de cartographies démultiplie nos possibilités et peut nous aider à sortir de la simple bipolarisation imposée par le discours unidimensionnel (bien / mal, vrai / faux…). Le numérique et les liens hypertextes nous mènent encore plus loin en prenant en compte l’aspect multidimensionnel des idées.

Au final, l'enjeu est de savoir ce à quoi conduit l’évolution du numérique et de l’internet : vers un changement de la technique ? Un changement de l'homme ? ou bien encore des deux ? Il semble que l’évolution des outils numériques permettent à l’homme de mieux appréhender la complexité du monde et ainsi transforment sa capacité à y vivre.

Un débat très constructif a suivi cette excellente conférence de Jean-Michel Cornu. Les grandes lignes en seront présentées en ligne et la réflexion continuera sur le blog de l'ISOC Wallonie.

Sur les contenus générés par les utilisateurs et leurs modèles économiques voir :

- "le potentiel culturel des contenus générés par les utilisateurs" (Patrimoine Canada, à paraître :
http://www.pch.gc.ca/ )

Rencontres organisées en partenariat :
	Faculté d'Informatique

		Les utilisateurs construisent l'internet du futur : Le web 2.0 et au delà, vers une intelligence collective 5èmes Rencontres de l'ISOC Wallonie
		Namur, 19 juin 2007 FUNDP Faculté d'Informatique