Finalités

Suivant les recommandations de la Communauté européenne en matière de TIC, la Région wallonne inscrit dans son Contrat d’avenir[1] la Société de la Connaissance ainsi que la formation tout au long de la vie.  C’est dans ce cadre-là qu’est né le PMTIC (Plan Mobilisateur pour les Technologies de l’Information et de la Communication).

Le PMTIC est destiné à sensibiliser et à former aux TIC, d'ici 2004, le public des demandeurs d'emploi (DE). La priorité est accordée aux demandeurs d'emploi qui sont éloignés de ces nouvelles technologies et qui souhaitent s'y former.

Le PMTIC comprend 3 modules : le premier vise la désacralisation de l’outil informatique par la découverte d’Internet ; le second est consacré à l’approfondissement du web et la découverte du traitement de texte ; le troisième consolide les bases en matière d’édition de texte et initie à l’usage d’un tableur.

Le contenu de ces trois modules a été élaboré par le “ Laboratoire de Soutien à l'Enseignement Télématique ” (LabSET) de l'Université de Liège en collaboration avec le “ Centre des Technologies au service de l'Enseignement ” de l'Université Libre de Bruxelles. Au total, 121 activités sont proposées aux formateurs. Une fiche descriptive accompagne chaque activité. Y sont spécifiés l’objectif poursuivi et la stratégie à mettre en place pour l’atteindre. Ces fiches sont appelées à évoluer en cours d’expérimentation en fonction des critiques et suggestions émises par les formateurs et les stagiaires au terme de chaque formation.

La formation du PMTIC est actuellement dispensée par 104 opérateurs de proximité (350 formateurs) suivis, coordonnés et mis en réseau par le LabSET.

Le CTE de s'associe au LabSET notamment pour le suivi des actions sur le terrain.

Un public de femmes

Le PMTIC paraît répondre à un véritable besoin de formation pour la femme.  En effet, le taux de fréquentation féminine (61%) du PMTIC se distingue significativement de celui des autres formations en Région wallonne.  En 1999-2000, le Forem a dispensé seulement 2.754.937 heures de formation à des femmes pour 3.793.590 à des hommes[2].  De même, dans 74% des cas, les bénéficiaires de Plan formation-insertion (PFI) sont des hommes[3].

Objectifs du public

Selon les publics, les objectifs des stagiaires sont variés : se donner une chance supplémentaire de trouver un emploi, renouer avec les enfants, aider les enfants dans leur scolarité, avoir des contacts avec la famille restée au pays, mesurer les craintes liées à l’apparition de l’Internet dans la famille, rester “ dans le coup ”,  se réapproprier l’ordinateur familial.  Ce dernier point corrobore les remarques de Pierre Allard et Pierre Lelong : “ En aucun cas, la possession de l’outil n’équivaut à sa maîtrise.  L’outil Internet n’est pas naturel ou intuitif comme un téléviseur, un lecteur de DVD, un GSM ; ce qui explique un besoin de formation après achat.  Il ne faut donc pas assimiler la possession d’un ordinateur et la connexion familiale à l’Internet et encore moins considérer qu’il est à disposition de toute la famille.  D’où l’importance d’espaces d’initiation qui permettent de tester l’Internet et de se rendre compte de son utilité personnelle ”[4].

Satisfaction du public

Les formations ont répondu aux attentes de 94% des personnes formées. Elles semblent avoir été efficaces pour quelque 77% des stagiaires qui s’estiment capables de manipuler seuls les outils vus aux cours. La volonté de 95% des stagiaires à poursuivre leur formation constitue probablement le résultat le plus remarquable du plan.

Ces chiffres résultent de l’investissement des formateurs et de l’usage qu’ils ont fait des ressources mises à leur disposition. Ces dernières sont appréciées par les apprenants tant au niveau du fond que de la forme : 82% d’entre eux trouvent les consignes claires ; 79% estiment les exercices ni trop faciles, no trop difficiles ; 91% apprécient l’aspect ludique de la formation et 90% ne sont pas découragés pas les problèmes techniques.

La formation est axée sur l’activité des apprenants. Cette stratégie active répond aux attentes de 60% des formés qui préfèrent l’exercisation aux explications du formateur. Ceci ne remet pas en question la présence du formateur que 95% considèrent indispensable.

Les effets démultiplicateurs

Les effets démultiplicateurs de la formation sont nombreux et variés : resocialisation, retour à des horaires réguliers, maintien de contact avec d’autres stagiaires après la formation, renforcement de la personne, valorisation aux yeux des enfants, valorisation par l’organisation des formations dans le quartier, maîtrise de l’ordinateur qui donne aux apprenants l’accès à des logiciels d’apprentissage du français ou d’exercices d’alphabétisation par ordinateur, …

L’envie de poursuivre la formation se concrétise par l’inscription à des formations plus longues organisées par le centre.  Certains s’inscrivent même dans des formations qualifiantes.  Le reprise de contact avec un centre de formation pousse les stagiaires à s’intégrer dans les autres services offerts dans ce cadre.

D’autre part, nous savons qu’un nombre non négligeable de personnes ont décroché un emploi suite à une formation PMTIC.  Ce ne sont pas vraiment les compétences acquises en informatique qui ont permis à ces personnes de retrouver un travail mais bien la reprise de confiance en soi.  Bien que l’influence positive des stages demeure difficilement quantifiable (plusieurs opérateurs n’ont plus aucun contact avec leurs stagiaires après la formation), il serait intéressant de lancer une enquête pour établir des statistiques stables.

L’un des opérateurs suggère d’orienter les stagiaires en fin de formation vers des organismes comme Oxfam pour les aider à acquérir un ordinateur à un prix abordable. Il aimerait proposer une liste d’endroits où l’on peut se connecter. L’un des possibles effets pervers du plan consiste à insuffler le désir d’acheter tout de suite un ordinateur onéreux, et donc à pousser un public déjà fragile vers l’endettement.

Malgré le manque d’informations chiffrées, nous constatons cependant que les formations PMTIC confèrent un dynamisme, un élan positif à la plupart des stagiaires.  Ce qui confirme la remarque du rapport “ Internet et inégalités ” de G. Valenduc et P. Vendramin: “ Les premiers enjeux des technologies de l’information et de la communication se situent dans le domaine économique et dans les capacités d’accès au marché du travail.  Il s’agit d’outils certes susceptibles de creuser les fossés existants, mais en même temps, d’offrir un potentiel positif pour des groupes isolés, éclatés, ou encore en situation de transition ou d’insertion ”[5].